Russie
Auteur(e) : Fabrice Amougou Mbarga
Publié le 12/05/2025
Dernière mise à jour le 02/12/2025 à 11h40
Documents officiels
https://postquantum.com/quantum-computing/quantum-russia/
https://quantumzeitgeist.com/where-is-the-russian-quantum-computer/
UNE RÉVOLUTION QUANTIQUE : Rapport sur les politiques mondiales
Synthèse
I. CONTEXTE
L’histoire russe des technologies quantiques commence dans les années 1980, lorsque des physiciens soviétiques ont commencé à explorer le domaine de l’informatique quantique. Après une période de recherche mitigée, un regain d’intérêt est de nouveau observé dans les années 2010 avec la création du Centre quantique russe et d’autres initiatives durant la décennie. Bien qu’elle semble être à la traîne par rapport à d’autres pays dans le domaine du quantique, mais avec la définition des priorité nationale dans l’Initiative nationale pour les technologies et dans le programme numérique le Programme national pour l’économie numérique. C’est de ces projets que fut élaborée la feuille de route quantique nationale annoncée en novembre 2019 prévue pour cinq ans, suivie d’un nouveau plan pour la période 2025-2030.
II. CONTENU
La feuille de route russe pour l'informatique quantique repose sur trois axes qui constituent les objectifs de sa vision : le développement des qubits supraconducteurs, la recherche logicielle et algorithmique, et la coopération internationale dans le développement de l'informatique quantique.
L’écosystème institutionnel est structuré par des acteurs étatiques qui accompagnent les initiatives des institutions de recherche. La feuille de route est ainsi gérée par trois organismes publics : ROSATOM (Société d’État responsable des questions nucléaires) pour l’informatique quantique ; RZD (Société de chemins de fer russes) pour les communications quantiques ; et ROSTEC (Société d’État spécialisé dans les technologies de défense) pour la détection et la métrologie quantiques. Les principales institutions de recherche sont les suivantes :
- Le Centre russe de physique quantique qui mène des recherches en informatique quantique, en communications quantiques et en physique quantique fondamentale, tout en accompagnant la création de start-ups ;
- Les centres de recherche dépendant de l'Académie russe des sciences tels que l'Institut de physique PN Lebedev (LPI) de Moscou qui est impliqué dans des projets d’horloges optiques et atomiques, et des projets de détection quantique ; l’Institut de physique laser de l'Académie des sciences de Russie qui travaille sur le contrôle des ions et atomes froids ; ou encore l’Institut de physique du solide de l'Académie des sciences de Russie et d’autres instituts parallèles ;
- L'Institut des sciences et technologies de Skolkovo (Skoltech) qui travaille sur les algorithmes quantiques, l'informatique quantique photonique et l'optique quantique
- L' Université d'État Lomonossov de Moscou, qui abrite le Centre de technologie quantique (créé sous l'égide de l'Institut national de technologie), se consacre à la recherche sur le matériel et la théorie quantiques ;
- L’Université nationale des sciences et technologie, située à Moscou, abrite le Centre NTI pour les communications quantiques et l’un des premiers laboratoires consacrés aux qubits supraconducteurs ;
- L'Université ITMO de Saint-Pétersbourg qui accueille, depuis 2019, le Centre national pour l'Internet quantique. Ses chercheurs travaillent sur les protocoles de communication quantique, les réseaux quantiques (notamment le développement de réseaux de nœuds de confiance et de techniques d'échange d'intrication), ainsi que sur les dispositifs nanophotoniques pour la manipulation de la lumière quantique.
Des cycles de formation dans l’enseignement secondaire ou universitaire et des campagnes de recrutement des scientifiques de renommée internationale existent également afin de booster les initiatives étatiques.
La Russie a déjà marqué de son empreinte la seconde révolution quantique avec le dévoilement de son premier prototype d'ordinateur quantique à 50 qubits ; projet majeur inscrit comme objectif à atteindre dans la feuille de route de 2019. Aussi, la Russie fait partie de l’Alliance quantique des BRICS, dont les technologies quantiques constituent l’un des centres d’intérêt. Elle a aussi engagé des collaborations avec des pays comme la Chine, l’UE avec le projet Quantum Flagship, et d’autres partenaires privés via Rusnano Sistema Sicar ; ce qui en fait d’elle un acteur quantique sur lequel il faudra compter dans les prochaines années.
III. POUR ALLER PLUS LOIN…
La Russie dispose d’un certain nombre d’atouts pour être reconnue dans la sphère des leaders mondiaux dans la recherche et le déploiement des technologies quantiques dans le domaine quantique mondial. On peut ainsi citer l’assise historique de la recherche dans le domaine quantique, l’excellente qualité de ses chercheurs et l’’existence d’une vision nationale coordonnée. Mais pour ce faire, la Russie devrait être capable surmonter un certain nombre d’écueils, en l’occurrence la fuite des cerveaux – plus de 1 000 spécialistes entre 2010 et 2020, selon l'Académie des sciences de Russie – qui a engendré une pénurie de professionnels dans la recherche quantique en Russie ; les sanctions internationales – depuis 2014, et surtout après 2022 avec le lancement de la guerre en Ukraine – qui limitent ses capacités de collaboration internationale ; les financements limités, car malgré les centaines de millions de dollars investies dans ce domaine, la Russie est loin des grands acteurs mondiaux dont les investissements s’élèvent en dizaines voire des centaines de milliards de dollars ; le défaut de transparence total sur ses prouesses alors que la confirmation d’une avancée scientifique ou technologique nécessite toujours et impérativement l’évaluation et la validation par les pairs.


