Pays-Bas
Auteur(e) : Morgane Violot
Publié le 05/12/2025
Dernière mise à jour le 05/12/2025 à 08h18
Documents officiels
https://open.overheid.nl/documenten/21220633-4dcf-4334-8f7c-c390eda7d29a/file
https://www.ntvn.nl/media/files/Nationale_Agenda_Quantumtechnologie_def.pdf
Synthèse
I. Contexte
Les Pays-Bas s’inscrivent au rang des pionniers mondiaux dans le domaine des technologies quantiques. Ils figurent parmi les dix premiers pays en matière de recherche dans le domaine quantique et occupent la 10ème place pour l’informatique quantique ainsi que la 7ème place pour la communication et les capteurs quantiques. En outre, le pays est un acteur européen important dans ce domaine. En termes d’investissements publics, les Pays-Bas occupent la troisième place au sein de l’Union européenne (UE).
Plus particulièrement, les Pays-Bas sont un pays phare dans les trois domaines clés des technologies quantiques, à savoir, l’information quantique, la communication quantique et la détection quantique. Les investissements proviennent principalement du Fonds national de croissance (Quantum Delta NL) et des instituts de recherche.
Les Pays-Bas ont accompli des avancées notables en matière quantique. En tant que pôle d’attractivité, ils ont été sélectionnés pour héberger et exploiter l’un des huit plus grands ordinateurs quantiques européens. Ce pays a également été le premier à construire un réseau quantique évolutif. En 2021, la start-up QuantWare (basée à Delft) a lancé le premier processeur quantique supraconducteur disponible sur le marché, rendant le matériel accessible en dehors des laboratoires spécialisés.
Ces avancées ont permis la naissance d’un écosystème quantique complet et performant, et ce, grâce, au modèle de la triple hélice, soit une étroite collaboration entre le monde académique, industriel et les pouvoirs publics. En tant que pôle d’attractivité, les Pays-Bas ont été sélectionnés pour héberger et exploiter l’un des huit plus grands ordinateurs quantiques européens.
Les Pays-Bas sont dotés d’une stratégie claire en matière de technologie quantique s’inscrivant dans la Stratégie nationale pour la technologie, Nationale Agenda Quantumtechnologie (élaborée en 2019 et publiée en 2020). Cet agenda quantique décrit les ambitions et les plans à court et à long terme.
Le programme Quantum Delta NL, gérant et exécutant l’agenda quantique national, est venu compléter cette stratégie. L’objectif de ce programme est la création d’un centre et d’un pôle international de premier plan pour la technologie quantique. Ce programme comporte trois axes principaux, relatifs aux trois applications de l'intrication quantique : les calculs rapides (ordinateur quantique), les communications sécurisées (internet quantique) et les observations sensibles (capteurs quantiques).
Cette priorité quantique néerlandaise se retrouve également dans la Stratégie nationale pour la technologie (2024), mentionnant les technologies quantiques au titre des dix technologies clés de ladite stratégie.
II. Contenu de la stratégie
La stratégie quantique des Pays-Bas a pour ambition principale de faire du pays un écosystème quantique de classe mondiale, tant dans le domaine universitaire que dans le domaine industriel, et de constituer un pôle d’attraction international pour l’activité et les talents. À cet égard, plusieurs ambitions partielles ont émergé, axées sur une vision à long terme et la cohérence des investissements dans la recherche et l'innovation :
- Les entreprises, les scientifiques et les pouvoirs publics devront accorder la priorité à la recherche et à l'innovation au moyen de programmes de recherche et d'investissement cohérents et du développement conjoint de prototypes et de lignes pilotes ; investissements dans les installations de recherche et d'essai, afin de permettre une recherche de pointe et de promouvoir l'innovation, etc.
- En 2035, les Pays-Bas disposeront d'instituts de recherche, d'installations d'essai et de lignes de production de niveau mondial pour la technologie, la main-d'œuvre et les entreprises quantiques.
- Le transfert de connaissances et de compétences est encouragé, par exemple en incitant les personnes à changer plus souvent d'emploi entre le monde scientifique, le monde des affaires et le secteur public.
Sécurité. Le gouvernement néerlandais a pleinement conscience des enjeux sécuritaires causées par les technologies quantiques. Ces technologies peuvent représenter un risque pour la sécurité nationale, notamment, lorsqu’elles sont utilisées à des fins militaires ou lorsqu’elles représentent une menace pour la sécurité des systèmes numériques des organismes actifs dans notre domaine de sécurité et dans nos infrastructures vitales.
Conscient des risques sécuritaires imposées par les technologies quantiques, la plateforme numérique gouvernementale, Digital Overheid, propose aux professionnels une « feuille de route » pour identifier les risques et déterminer les mesures à prendre afin de se préparer à de tels risques.
Plus encore, le gouvernement néerlandais propose également une mesure supplémentaire : la distribution quantique de clés. Cette méthode permet à deux parties de partager entre elles des clés cryptographiques secrètes, et toute tentative d'écoute clandestine déclenche immédiatement une alerte. Ainsi, l'expéditeur et le destinataire remarquent instantanément si quelqu'un tente d'espionner et peuvent interrompre la connexion. La clé ne peut être interceptée ou copiée à l'insu des parties, ce qui est possible avec les clés cryptographiques traditionnelles[1].
III. Pour aller plus loin…
Les Pays-Bas ont instauré une collaboration étroite avec la France en matière de technologies quantiques, participant fortement à la construction d’un pôle européen pour le quantique. En effet, les Pays-Bas figurent, au sein de l’UE, en compagnie de la France et de l’Allemagne, parmi les principaux acteurs en termes d’investissements issus d’initiatives nationales.
Cette collaboration franco-néerlandaise a abouti, en 2021, à la signature d’un protocole d’accord sur les technologies quantiques visant à renforcer cette coopération bilatérale. Parmi les axes de travail mentionnés ayant pour but de permettre une coopération effective, figurent le renforcement de la collaboration dans le domaine de la recherche ; la facilitation de la collaboration recherche-industrie ; la coordination des efforts dans l’éducation et la sensibilisation ; l’investissement dans le développement de l’écosystème ; l’accélération des initiatives européennes ; et enfin la promotion de création d’emplois.
À cela, s’ajoute des investissements réciproques, à savoir un investissement à hauteur d’1,8 milliard d’euros pour la France et un investissement à hauteur de 615 millions concernant les Pays-Bas.
[1] https://www.government.nl/latest/news/2025/07/17/quantum-computers


